D’aussi loin que je me souvienne, je crois que j’ai toujours eu un rapport assez particulier avec mon corps. Ou plutôt avec mon poids en l’occurrence. Lorsque quelque chose ne va pas dans la vie, deux options sont possibles : se goinfrer ou en perdre totalement l’appétit. En ce qui me concerne, lorsque quelque chose ne se passe pas comme prévu, que je suis déçue de moi même (peu importe que la situation l’impose ou pas, donc peu importe que je doive l’être ou pas) je deviens une obsessionnel du poids.
Si rien ne va, c’est à cause de mon poids. Je me mets à psychoter, à me dire que je mange trop, que je devrais maigrir, perdre quelques kilos et que tous mes problèmes s’envoleraient avec ces quelques grammes en moins. Je peux ainsi fonctionner pendant quelques temps, faire croire aux gens que tout va bien, alors que je me méprise totalement d’avoir pu avaler quelque chose alors que je sais très bien l’objectif que je me suis fixée. Certains veulent, je ne sais pas pourquoi mettre un mot sur ces mauvais réflexes qui m’ont valu pendant quelques mois des vertiges pas possibles : anorexie. Non, non et non, je ne suis pas anorexique, je n’ai pas non plus la peau sur les os… disons juste que j’adhère par moments leurs façons de penser, et leurs mauvais réflexes qui vont avec. Mais je ne le suis pas, ma raison finit toujours par l’emporter, certes après avoir perdu minimum deux ou trois kilos pour me sentir apaisée mais, ma raison l’emporte.
Je ne peux pas fonctionner autrement, cela fait des années que je fonctionne ainsi, je ne sais pas faire autrement.
Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas fait de conneries comme je le dis si bien pour designer cet état compulsif de sous alimentation. Mais dernièrement, j’ai recommencé mes conneries : 1.5 kilos de perdu en 2 jours. Raison : rupture amoureuse. Mais la différence par rapport à ma période de pseudo anorexique qui avait duré des mois pendant mon année de première est qu’aujourd’hui quand je recommence mes conneries, je sais à qui en parler.
Dorine avait remarqué mon manège à l’époque, c’était bien la seule. C’est elle qui tous les midis me forçait à manger une fourchette de plus. Depuis ce temps là, je mange moins, je crois que mon estomac s’est quelque peu rétréci. A mon plus grand plaisir à vrai dire.
Eh bien oui, ma raison l’emporte, mais les pensées restent présentes vous croyez quoi ?
Mais j’avoue que je suis plus vigilante depuis. Quand mes démons resurgissent, j’en parle à Dorine tout de suite. Faut dire que je m’avais bien fait flippée. Un jour alors que je parlais à mon père et à ma sœur, je me suis arrêtée de parler, tout a commencé à tourner autour de moi, les paroles de ma sœur devenaient de plus en plus lointaines, je me suis accroché au mur, je sentais que je tournais de l’œil. Ma sœur m’a secoué comme c’est pas permis, et je suis restée consciente, mais c’était moins une. Je crois que c’est ce jour là où j’ai pris conscience de la chose.
Je ne sais pas si un jour j’aurais un rapport sain avec mon poids et avec moi même. Je l’espère, parce que très franchement, ce rapport de force entre ma conscience qui se fixe un poids idéal (que je n’atteindrais jamais ! ou du moins, il ne faut pas me le souhaiter, parce que cela voudra dire que j’aurais repris mes « conneries ») et ma raison qui me pousse à manger coûte que coûte devient vraiment épuisant à la longue. Vivement d’avoir trouvé un bonheur durable pour me libérer définitivement de ces tourments. Mais la question est bien là, ce bonheur existe il vraiment ? Et est qu’il effacera ces pensées nocives?
L’avenir nous le dira….
 
Samedi 6 Novembre 2010 :

C’est fou comme on peut changer d’avis en si peu de temps. Je viens de relire ce que j’ai écris précédemment et je trouve ça tellement faux. Je n’ai pas arrêtée mes conneries pire j’ai continué. Il y a encore deux jours j’étais descendu à 52.5, et j’en étais fière. Soit un peu plus de 3 kilos perdus en 3 semaines. J’ai minci, ça se voit au niveau de mon jean. Il me va grand maintenant. J’en suis fière. Je sais bien qu’il ne faut pas mais bon, je trouve ça fabuleux. Je n’en ai pas reparlé à dorine, elle est dans ses études à Clermont, tout se passe bien pour elle. Dernièrement, elle est sur un petit nuage. Je ne veux pas casser son bonheur, si important pour moi. Quant à ma meilleure amie claire, elle est heureuse aussi, je dirais même radieuse. Et moi, eh bien, je reste avec mes doutes, mes mauvais réflexes. Je suis remonté à 54.2, horreur de chez horreur ! Ça ne va pas du tout ! Ça ne me convient pas du tout. Je vais devoir faire attention les prochains jours. Eh bien voilà. Mes conneries reprennent de plus belle. J’ai dit à Claire être revenue à 54 kilos. Je sais qu’elle commençait à s’inquiéter en me voyant maigrir aussi précipitamment. Oui mais ce qu’elle ne sait pas c’est que j’ai la ferme intention de repasser en dessous de 53.
Ma vie ne rime à rien là. Se peser quatre à cinq fois par jour. Mais quel est l’intérêt de tout ça. Romain compte énormément pour moi. Mais je n’étais pas amoureuse de lui. Alors pourquoi est ce que je réagis comme ça. C’est insensé. Illogique. J’ai l’impression de bien prendre notre rupture, maintenant j’arrive à en parler facilement. Alors pourquoi cette obsession du poids ? A quoi rime t elle ? Je ne comprends pas.